Miroir
Le cheval est une extension de votre corps.
Ray Hunt
Pourquoi dit-on que le cheval agit comme un “miroir” ?
Le cheval est un être de mouvement et de silence. Sa survie dépend de sa capacité à rester conscient de son environnement en quasi-permanence et de sa place au sein du groupe : il communique avec finesse et subtilité, et repère de simples changements d’énergie ou des mouvements infimes et il réagit en conséquence.
Combien de fois est-ce arrivé à un cavalier d'aller chercher sa jument au pré stressé et angoissé... et elle le fuit alors qu'elle l'attend habituellement à la porte ? Ou alors une cavalière frustrée et fatiguée par sa journée de travail qui brosse son cheval et celui-ci la mord sans raison apparente ?
Combien de fois avons-nous vu nos ponettes poser leur nez sur le bras ou le genou d'un.e résident.e en EHPAD qui refusait catégoriquement de les toucher tout en restant auprès d'elles ?
Les chevaux ont besoin de clarté, ils réagissent à TOUT notre langage, et nous permettent de devenir plus cohérent.e.s et conscient.e.s de ce que nous exprimons (et ressentons).
Vous doutez encore des capacités de communication des chevaux ?
Après analyse de différentes études récentes, Marianne Vidament réalise pour l’IFCE une synthèse sur les capacités des chevaux à reconnaître les expressions faciales des humains.
Les chevaux peuvent décoder très rapidement certaines émotions humaines fréquentes et très contrastées, en utilisant les signaux visuels et auditifs émis par les humains. Ils sont intrigués quand ces deux signaux sont incohérents. [...] Leur habileté à décoder certains de nos signaux peut être expliquée par leur écologie (à l’état naturel, ils vivent en groupe sociaux complexes, ce qui nécessite des facultés de reconnaissance des individus entre eux et de leurs émotions) et par leur proximité avec l’homme depuis leur domestication, il y a 6000 ans.”
Marianne Vidament
Face aux chevaux, l’incongruence est immédiatement mise en lumière : aucune incohérence entre énergie, paroles et langage corporel ne sont tolérées. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur soi et sur l’image que l’on propose aux autres et à soi-même !
Emotion
Réaction psychologique et physique à une situation. Elle a d'abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Elle est provoquée par la confrontation à une situation et à l'interprétation de la réalité.n etterprétatréalit
Apprendre à gérer ses émotions grâce au cheval, est-ce possible ?
Le cerveau limbique du cheval, siège des émotions et des sensations, est bien plus développé que son cortex, siège du jugement et de la raison : c’est l’exact inverse chez l’humain !
Pour apprendre, le cheval utilise donc son cerveau limbique, qui lui permet de mémoriser ses ressentis. Tout se passe dans le corps, entre stimulus et émotion. Il devient ainsi un allié merveilleux dans la reconnexion à son corps et à ses sensations. En effet, l'humain utilise majoritairement son cortex, ce qui lui permet de réfléchir, anticiper, utiliser le langage verbal, prendre des décisions... Et pourtant : nous aussi nous avons un cerveau limbique, nous avons simplement évolué en l'utilisant de moins en moins.
Dans son ouvrage L’Enfant et l’animal - Les émotions qui libèrent l’intelligence, Hubert Montagner, ancien directeur de recherche en psychophysiologie et psychopathologie du développement, explore l’impact des animaux familiers sur le développement des enfants. On peut notamment y lire que "Les poneys, les chevaux et les ânes peuvent être des agents incomparables qui révèlent et structurent les compétences, les émotions et les possibilités relationnelles d’un enfant psychotique ou autiste”.
Nous avons attaché une grande importance aux groupes animaux qui présentaient les mêmes compétences globales que les humains dès lors que les animaux avaient été accueillis dans la mouvance de l'Homme.[...] Ces cinq compétences-socles sont les suivantes : il s'agit de l'attention visuelle soutenue, [...] l'élan à l'interaction,[...] une fréquence très élevée dans les comportements qu'on a appelés affiliatifs, [...] les comportements d'imitation, [...] et puis les habiletés motrices. [...]
Quand on se propose de conduire des êtres humains dans le bien-être, [...] quand on a envie d'aider des humains à dépasser leurs difficultés, et bien je crois qu'il faut être très attentif dans le choix de l'animal qu'on va utiliser dans la médiation.
Hubert Montagner à l'Université de Strasbourg
Nous vous invitons à écouter/regarder son intervention à l'Université de Strasbourg : ses mots permettent de prendre du recul sur les interactions qui émergent dans l'accompagnement par l'animal, dans les relations qui se jouent et la place de chacun.e dans ce moment.
Le cheval étant un être d’émotion, il libère celle-ci chez l’humain qui passe du temps avec lui. Nous avons l’occasion de travailler avec de nombreux.ses bénéficaires qui évoluent dans des contextes oppressants, voire violents : en présence du cheval, les larmes et les rires ont une place évidente, car l’expression est la première étape d’une relation apaisée avec ses émotions.
Conversation
On ne peut pas ne pas communiquer.
Gregory Bateson
Comment communiquent les chevaux et que pouvons-nous apprendre d'eux ?
Le cheval est en communication permanente avec son environnement. Avec ses congénères, il adopte différentes postures, varie son tonus et utilise des mouvements et expressions subtils pour se faire comprendre. Les chevaux évitent à tout prix le conflit et sont très peu tactiles, ils ont donc des codes sociaux très précis pour maintenir la stabilité du groupe.
Tout comportement dit "d'aggression" se situe à la fin d'une série de comportements annonciateurs : fouaillement de la queue, position des oreilles, orientation de la tête et du regard, posture et énergie présente dans celle-ci, sons éventuels... sont autant d'informations qui préviennent un congénère de l'arrivée d'un coup ou d'une morsure. Ce dernier, par son comportement, peut interrompre cette série à tout moment et donc éviter l'aggression.
Les chevaux d'une même famille se connaissent par coeur et s'observent en permanence. Encore une fois, tout passe par le corps.
Rachele Malasavi et Ludwig Huber réalisent une étude qui permet d’affirmer que le cheval est capable de communication référentielle hétérospécifique : il peut transmettre une information concernant son environnement à un individu d’une autre espèce. Dans une interview Rachele explique :
Nous savons maintenant que leur ensemble de compétences comprend également la capacité de communiquer volontairement avec les humains [...]. Ils ne se comportent pas simplement sans tenir compte des conséquences de leurs actes. Au contraire, ils sont en mesure de créer un plan mental pour évaluer l'état d'attention du public, et de modifier leur stratégie de communication en conséquence".
Rachele Masalavi pour The Horses
Les animaux sont capables d’interactions complexes : les chevaux n’échappent pas à la règle. La communication du cheval sert des objectifs bien précis et à travers ces êtres sidifférents et pourtant si proches de nous, nous pouvons prendre du recul sur nos propres modes de communication.
S'éloigner de l'analyse,
Comprendre que l'émotion est une information et l'accueillir,
Sentir et ressentir, comme un cheval....
C'est évoluer vers une communication plus intuitive, plus connectée à soi, aux autres et à l'environnement.
Si ce format vous plaît, restez connecté.e.s, plusieurs articles sur différentes thématiques verront le jour dans les prochains mois !