Concentration
Action de réunir en un centre ou sur un point ce qui est primitivement dispersé.
Peut-on favoriser les capacités de concentration par les activités avec le cheval ?
La relation avec le cheval intervient dans ce domaine de bien des manières.
Tout d'abord, les activités avec le cheval exigent une coordination entre les mouvements du corps et les actions du cheval, que l'on soit à pied ou sur son dos. Mais pas seulement ! Dans cette relation, on apprend à gérer ses émotions et ses comportements en permanence dans un contexte motivant. Cette interaction constante avec l'animal nécessite une concentration et une attention soutenue.
En apaisant le stress et l'anxiété, en développant la conscience corporelle, les activités proposées autour des chevaux permettent également de favoriser la capacité à se concentrer sur des tâches simultanées. De plus, elles renforcent l'attention partagée, car elles exigent une attention à la fois sur soi-même, sur le cheval et sur l'environnement.
Nous irons même plus loin : des études se penchent sur le lien entre les activités assistées par le cheval et la stimulation de la dopamine, un neurotransmetteur lié à la motivation et à la concentration. En juillet 2015, dans la Revue de Médecine Alternative et Complémentaire (New York), paraît un article intitulé "Activités et Thérapies Assistées par le Cheval pour le Traitement des Enfants atteints de Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité", qui rapporte les résultats d'une étude menées auprès de 20 enfants atteints de TDA(H).
L'objectif de cette étude était d'évaluer l'effet thérapeutique de l'Activité/Thérapie Assistée par le Cheval (A/TAC) sur les enfants atteints de TDAH.
Les études précédentes qui ont appliqué l aux enfants avec TDAH ont examiné les changements de comportement, les problèmes sociaux et les fonctions motrices, mais n'ont pas évalué l'effet de l'A/TAC sur les symptômes fondamentaux du TDAH, notamment l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité. [...] Les données suggèrent que l'A/TAC a amélioré de manière efficace les symptômes fondamentaux du TDAH chez les enfants. [...]
Certains éléments de l'A/TAC pourraient jouer un rôle dans l'amélioration des symptômes fondamentaux du TDAH. Tout d'abord, les aspects liés à l'exercice physique pourraient contribuer à cette amélioration. L'hypothèse biologique du TDAH repose sur un dysfonctionnement des catécholamines, comme la dopamine, et le consensus des experts est que la dysrégulation de la dopamine dans le circuit fronto-sous-cortical est responsable de la physiopathologie du TDAH. Des études ont rapporté que l'exercice physique induit la libération de dopamine. [...] Dans ce contexte, Kang et al. ont démontré une corrélation positive entre l'exercice physique et l'amélioration de l'attention ainsi que des symptômes cognitifs. [...]
Deuxièmement, les éléments de simulation de mouvement dans l'A/TAC pourraient influencer l'amélioration des symptômes du TDAH. Le système vestibulaire pourrait être stimulé par les mouvements corporels symétriques et rythmiques de l'enfant lorsqu'il monte à cheval. [...]
Vitte et al. ont rapporté que la formation hippocampique est activée par la stimulation vestibulaire, fournissant ainsi un lien neuro-anatomique entre la stimulation vestibulaire et le système dopaminergique limbique.
Byongsu Jang, Jihye Song, Jiwon Kim, Seonwoo Kim, Jiyoung Lee, Hye-Yeon Shin, Jeong-Yi Kwon, Yun-Hee Kim, et Yoo-Sook Joung
Alors, qu'est-ce que ça veut dire tout ça ?
Alors, qu'est-ce que tout cela peut bien vouloir dire ?
Bon d'abord : le sport c'est bon pour la santé !
En résumé, stimuler le système vestibulaire (comme dans les activités avec des chevaux) peut non seulement améliorer notre équilibre, mais aussi avoir un effet positif sur notre humeur, notre attention et notre motivation, en activant des régions du cerveau qui régulent la dopamine.
Il y a d'autres moyens d'aller chercher la dopamine : le sentiment de réussite, la connexion avec l'autre... Que l'on peut retrouver encore une fois dans les activités avec le cheval ! Incroyable, non ?
Apprentissage
Initiation, par l'expérience, aux divers aspects de la vie humaine.
Comment le cheval nous aide-t-il à apprendre ?
Les neurosciences contemporaines ont démontré que le processus d'apprentissage provient simultanément de l'origine génétique des principaux circuits du cerveau humain, l'inné, et de leur capacité à se modifier sous l'effet de règles d'apprentissage, l'acquis.
Pour que cette apprentissage se fasse, le neuroscientifique français Stanislas Dehaene a défini quatre piliers indispensables. Le premier est l'attention, c'est-à-dire le mécanisme par lequel le cerveau sélectionne une information et en oriente le traitement. Se concentrer sur un objet permet d'amplifier la capacité d'apprendre. Le deuxième est l'engagement actif. De nombreuses expériences montrent les limites du cours magistral face à la pédagogie active, c'est-à-dire alterner des périodes d'enseignement explicite et des périodes de test des connaissances. Le troisième est le retour rapide d'information, feedback, qui souligne l'intérêt pédagogique de l'erreur. Du point de vue des neurosciences, l'erreur ne constitue pas une faute, elle est normale et indispensable à l'apprentissage, car c'est un retour d'expérience. Le quatrième est la consolidation. Il s'agit d'automatiser progressivement les savoirs, ce qui permet de transférer les connaissances acquises du conscient au non-conscient, et de libérer ainsi des ressources mentales pour de nouvelles tâches.
Institut de la gestion publique et du développement économique
L'attention, nous l'avons déjà abordée en première partie. Maintenant, intéressons-nous à l'engagement actif, et plutôt la pédagogie active. Celle-ci repose sur la participation active des participants : elle part du principe que l'apprenant doit être acteur de son apprentissage pour qu'il soit efficace. Expérimentation et activités concrètes, collaboration et partages, résolution de problèmes et auto-évaluation. Elle intègre la troisième notion abordée par Stanislas Dehaene, le retour rapide d'expérience, comme une des bases de son fonctionnement.
Les activités avec le cheval offrent un cadre idéal pour développer les capacités d’apprentissage en s’appuyant sur ces principes. Grâce à la relation avec cet animal, l’apprentissage devient à la fois concret, émotionnel et expérientiel, ce qui favorise une meilleure intégration des savoirs et des compétences.
Rôle de miroir : Le cheval réagit instantanément aux comportements de l’humain. Cette interaction permet à l’apprenant de prendre conscience de ses actions, d’adapter ses comportements et de développer des compétences sociales.
Développement de l’autonomie et de la responsabilité : Prendre soin de l'autre responsabilise l’apprenant et favorise son implication.
Expérimentation concrète : Les apprenants vivent directement les effets de leurs actions en interagissant avec l’animal.
Collaboration et entraide : Les activités de groupe autour du cheval encouragent le travail en équipe et la communication.
Résolution de problèmes : Faire face aux imprévus stimule l’adaptabilité et la réflexion.
Stimulation multisensorielle : Le contact avec le cheval engage plusieurs sens (toucher, vue, mouvement). Cela aide à ancrer les apprentissages en mobilisant le corps et l’esprit.
Contexte émotionnel positif : La présence d’un cheval crée un environnement bienveillant et motivant. Les émotions positives renforcent les mécanismes cognitifs, notamment la mémorisation.
Pour se pencher un peu plus précisément sur les deux derniers points, intéressons-nous aux observations réalisées par Pendry et Roeter en 2013, restituées dans un article intitulé "Le rôle de la thérapie assistée par le cheval dans le développement cognitif et émotionnel" publié dans la Revue des sciences vétérinaires équines.
L’un des principaux résultats de l’étude est l’amélioration significative de la mémoire des participants, notamment à court et long terme. Lors des séances, ils devaient apprendre des tâches complexes, comme guider le cheval à travers un parcours ou mémoriser les étapes de soin. Ces activités stimulent directement l’hippocampe, la région du cerveau responsable de l’encodage de la mémoire.
Le processus d’apprentissage se fait de manière dynamique : en accomplissant des gestes associés à des tâches précises, les informations sont enregistrées de façon kinesthésique. Par exemple, mémoriser l'ordre des actions à accomplir sur le cheval (brosser, seller, guider) devient plus facile, car ces gestes sont associés à des repères sensoriels concrets et à des émotions positives. Cette combinaison active les circuits neuronaux, ce qui rend l’encodage des informations plus solide et durable.
L'étude souligne ainsi également le rôle crucial de l'interaction multisensorielle dans le processus d'apprentissage. L’engagement sensoriel, à travers les différents sens – la vue, le toucher et l’ouïe – joue un rôle central dans la rétention de l’information.
Facteur non négligeable : le cheval agit comme un "refuge émotionnel", un élément apaisant qui réduit l’anxiété et le stress des participants. Cet environnement calme permet aux individus de se libérer de leurs tensions émotionnelles et d'être plus ouverts à l’apprentissage. Les émotions positives, comme la joie, l’enthousiasme ou la satisfaction, activent des zones du cerveau liées à la motivation, comme le système dopaminergique. Ca vous dit quelque chose ? C'est normal, c'est ce qu'on a vu dans notre première partie concernant l'attention... Et on y revient puisqu'une attention soutenue est essentielle pour une mémorisation efficace, car elle permet d'ancrer les informations dans la mémoire à long terme !
Pensée
Le cheval a la perception comme il a la sensation, la comparaison et le souvenir. Il a donc le jugement et la mémoire. Il a donc l'intelligence.
François Bauchertterprétatréalit
Pour terminer cet article, quelques éléments de comparaisons !
Un cheval peut maintenir son attention sur une tâche ou un stimulus pour une période courte, généralement quelques minutes. Ces animaux sont très sensibles à leur environnement et perçoivent facilement des changements ou des détails, comme un mouvement dans leur champ de vision ou un son inhabituel. Leur attention peut facilement se détourner si un stimulus externe est perçu comme une menace ou un élément nouveau.
Le cheval apprend par association et répétition. Il associe une action ou un comportement à une conséquence (positive ou négative). Sa mémoire, à la fois courte et à long terme, joue un rôle clé, et il répond mieux à des apprentissages progressifs, clairs et cohérents. Il peut retenir des informations à court terme pour environ 30 secondes à quelques minutes et a une mémoire à long terme très développée. Il se rappelle des personnes, des lieux, et des expériences pendant des années, même après de longues séparations.
En effet, la mémoire du cheval est fortement influencée par les émotions. Les événements marquants (traumatismes ou moments agréables) sont particulièrement bien gravés dans leur esprit.
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